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Les élèves de 4ème du collège des Gorges de la Loire écrivent et slament leur révolte !

Par Max Barel, publié le lundi 29 janvier 2024 10:17 - Mis à jour le lundi 29 janvier 2024 10:36
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Ce vendredi 19 janvier, plus de 130 personnes s’étaient donné rendez-vous dans la salle de spectacle du collège pour assister à une scène slam sur le thème de l’engagement… durant laquelle les élèves de 4ème ont porté leur voix ! Lisez les !

« J’aime écrire quand ça claque, quand ça tape,
Quand ça crie, quand ça crispe, quand ça vrille. »
(Govrache, « Un cri » dans Des murmures et des cris »)

Une semaine d’écriture avec un poète des temps modernes

« Ça commence souvent par un cri,
Une indignation qui s’incarne.
Ça commence comme ça parce qu’un cri
C’est la réponse du faible face au fort qui s’acharne. »
(Govrache, « Un cri » dans Des murmures et des cris »)

Pendant cinq jours, le collège public des Gorges de la Loire avait invité l’artiste Govrache à faire écrire les élèves de 4ème. Ce dernier, prix Georges Moustaki en 2014, première partie de Grand Corps Malade, Gaël Faye, Gauvain Sers et plus récemment Renaud, auteur du double album Des murmures et des cris récompensés par le Grand Prix de l’Académie Charles Cros en 2019 et en pleine tournée de son dernier album Apagogie – tout un programme –  avait déjà animé un atelier d’écriture en 2021, à une époque où les masques couvraient encore les visages. Mais cette année, bas les masques, et c’est un thème voué à faire s’exprimer les élèves qui avait été choisi par leur professeur de français : « qu’est-ce qui vous révolte, vous, à 13-14 ans ? ».

Travailler le sens, travailler les sons

« J’aime écrire quand ça commence en force,
Quand tu transpires de l’encre,
Quand ça éclabousse,
Quand les textes s’engagent,
Quand les mots bombent le torse
Face au mépris d’un monde qui nous scandalise tous. »
(Govrache, « Un cri » dans Des murmures et des cris »)

Après un travail mené pendant plusieurs semaines sur l’essence même du slam entre « murmures » et « cris », sur les « 3R » nécessaires pour qu’un slam claque, après l’étude de textes de l’artiste du « Bout de la table » aux « Pigeons » en passant par « On a compris », « L’homme-trottoir », ou encore « Saigneur en paillettes » avec une attention portée au sens, au rythme et aux allitérations, il était temps que les élèves se lancent dans l’écriture. Les sujets de révolte n’ont pas manqué : femmes battues, femmes violées, sexisme dans le sport, sexisme dans la rue, homophobie, racisme, harcèlement, pollution, guerre, conflit à Gaza, inflation, sans oublier la confrontation à la disparition, à la mort, à la maladie, à la dyslexie, à la dépression, au divorce, à la solitude, mais aussi la timidité, la paternité précoce, l’expression artistique, l’auteur autiste, le ras-le-bol de l’école, et même la violence du réveil-matin et la lenteur des tracteurs sur les routes de campagne… Du thème le plus rugueux au plus singulier, les élèves ont puisé dans leur vécu, dans l’actualité, dans les images qui les marquent, dans les discours qui les frappent… Et une fois le « R »écit trouvé, Govrache leur a donné quelques pistes pour exploiter les ressources expressives de la parole, pour trouver les « R »imes et les « R »ythmes nécessaires pour mettre en mots, en voix et en boîte cette société dans laquelle ils grandissent.

 Une soirée de restitution et d’émotions

« Alors debout les mots !
Remballez vos murmures !
Il est temps d’mettre les poings
Sur les cris ! »
(Govrache, « Un cri » dans Des murmures et des cris »)

Il ne restait plus qu’à proposer une restitution partagée de ces créations artistiques. Et nul doute que la journée du vendredi 19 janvier restera une expérience gravée longtemps dans l’esprits de nos graines de slameurs. Après une mise en bouche devant leurs camarades le vendredi après-midi, c’est devant leurs grands-parents, parents, frères, sœurs, amis et membres de l’équipe éducative que les élèves ont slamé leur texte. Le public était venu nombreux, la salle était comble… et n’a pas tari d’éloges ni d’applaudissements, voire de larmes parfois, devant le spectacle offert par ces adolescents qui, il faut l’avouer, ont des choses à dire, ont des choses à nous dire. La soirée s’est achevée avec la générosité de l’artiste qui a accompagné les élèves toute la semaine et qui, avant de reprendre la route, a généreusement offert aux élèves et à leur famille un tour de chant sensible… et engagé.

« J’aime écrire parce qu’un mot c’est une claque
Et qu’un cri peut réveiller ceux qui roupillent. »
(Govrache, « Un cri » dans Des murmures et des cris »)

Jean-Luc LASCHAMP
Enseignant de lettres

 

 

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