Sont-ce le regard des autres, ses gestes, ses paroles, sa présence, son absence… qui font de moi ce que je suis ? qui me font ? qui me défont ? Aujourd’hui s’est achevé un cycle de rencontres au sein du collège public des Gorges de la Loire entre les élèves de 3^ème, de 5^ème et l’autrice Frédérique Hespel. Au programme, une rencontre, des échanges, des écrits, des émotions et beaucoup de générosité de part et d’autre de la plume.

Une rencontre dans le cadre d’un projet pédagogique plus large

Les programmes de français de 5^ème demandent de travailler sur la thématique « Avec autrui : famille, amis, réseaux ». C’est dans ce cadre que les élèves de la classe de 5^ème B ont travaillé ces dernières semaines sur la thématique de la différence et du handicap, étant invités à s’interroger sur le regard des autres, l’importance de l’empathie et de l’estime de soi. Quant aux élèves de 3^ème, c’est l’autobiographie qu’ils étudient, afin d’envisager comment « se raconter, se représenter » ; ainsi, ils ont découvert des textes autobiographiques et lisent en ce moment même des œuvres dans lesquelles la rencontre de l’autre, sa reconnaissance sont au cœur de la relation humaine et de la construction de soi : regards sur les personnes âgées, sur les personnes en situation de handicap, sur les relations femmes-hommes, sur celles et ceux qui ont vécu les horreurs de l’histoire.

Des échanges sur le métier d’autrice

Ainsi, la rencontre avec Frédérique Hespel est venue enrichir ce travail. Après avoir ouvert la discussion sur « qu’est-ce que le métier d’autrice selon vous ? », Frédérique Hespel a répondu aux questions qui ont fusé : qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ? Aimiez-vous déjà écrire quand vous étiez petite ? Quel style de livres écrivez-vous ? Combien gagnez-vous sur un livre ? Avez-vous écrit des autobiographies ? Où trouvez-vous l’inspiration ? Qu’est-ce qui nourrit vos lectures ? Quelles sont vos passions dans la vie ? Et Frédérique Hespel de partager sa passion de la lecture – deux à trois heures par jour ! –, sa « méthode » d’écriture – pas une journée sans écrire ! –, son inspiration puisée dans la vie quotidienne : « J’observe le monde autour de moi, là, je vous regarde… Ce qui m’intéresse, c’est d’écrire des Feel good. Mais je m’en sers aussi pour transmettre des messages sur des sujets importants pour moi : la différence, la violence à l’encontre des femmes… ».

Écrire, c’est la vie

Rien de plus naturel alors que de passer à l’écriture. Après avoir pris le pouls des différents élèves, leur demandant s’ils aiment lire et/ou écrire, l’autrice les lance alors dans l’écriture. Au programme pour les élèves de 5^ème « une personne différente arrive dans votre quotidien » et pour les élèves de 3^ème : « écrivez votre autobiographie ». Une fois quelques pistes délivrées tant pour susciter l’inspiration que pour nourrir la forme, voici les graines d’autrices et d’auteurs lancées dans l’écriture. Et une heure plus tard, place au partage…

Confiance et générosité au cœur de la mise en voix des textes

Après une petite heure d’écriture, les élèves sont alors amenés à partager ces derniers avec leurs pairs, tantôt drôles, tantôt empreints d’une forte émotion, toujours sincères. Personne n’est ressorti indifférent de cette séance. « Des textes forts, sincères, drôles pour certains, beaucoup moins pour d’autres, mais toujours à votre image, commente Frédérique Hespel. Vous avez eu le courage de poser des mots sur vos maux, de les déposer à nos pieds tels une offrande, vous libérant ainsi d’un poids un peu trop lourd pour vos frêles épaules. Vous pouvez être fiers de vous. J’espère que cela vous donnera l’envie et la force d’avancer la tête haute et le cœur plus léger. » Et en effet, lors de la reprise avec les élèves, d’aucuns estiment que « cette séance a été bénéfique. Beaucoup de texte m’ont touchée ». « Cette séance était très forte en émotions et l’expression « passer du rire aux larmes » prend tout son sens. Entre empathie, choc, tristesse et découvertes, chaque texte était hyper touchant, à sa manière » écrit une autre élève, « cela m’a fait beaucoup réfléchir » conclut un troisième ; « ça m’a libéré », « il n’y avait pas de jugement », « ça m’a aidé à avancer et je me sens mieux » ajoutent trois autres élèves ; « ça m’a fait, je pense, beaucoup de bien d’écrire et entendre mes camarades m’a appris à mieux les connaître » ; « je pense que ça nous a rapprochés » concluent la majorité des élèves.

Et nous laisserons les derniers mots de ces séances incroyables à l’autrice : « Vous m’avez fait sourire, rire et pleurer. Du coup – oups pardon ! – subséquemment, je vous emporte avec moi et garderai au creux de mon cœur un petit morceau de ce qui fait de vous un être unique. »

M. LASCHAMP
Professeur de français